mardi 19 janvier 2010

Nous sommes un cas d'école!

En janvier 2010, le sujet d'examen national du concours de recrutement des personnels de direction de l'Education Nationale porte sur un drôle de cas, un petit réseau rural de collèges perdu en moyenne montagne...
La problèmatique porte autour du maintien des internats, et de l'avenir de l'un des collèges qui a bien peu d'élèves.
Il suffit de consulter Wikipédia pour confirmer qu'on parle bien de nos collèges (nb habitants , altitude,  description des communes, tout concorde parfaitement)
Voici les correspondances :
  • Collége A = Collége de St Dier
  • Collège B = Collége de St Amant
  • Collège C = Collége de Culnhat
  • Lycée D   = Jean Zay à Thiers (4 BTS, CGPE...)
Tout y est, sauf le collège d'Olliergues, qui justement n'est rentré dans notre RRE qu'en septembre 2010.
On trouve des statistiques assez poussées sur les trois collèges mentionnés dans ces documents.
On y apprend entre autres :
  • que les internats de St Dier + St Amant totalise le tiers des internes (en public) du département
  • que St Dier et Cunlhat ont des taux de réussite au brevet supérieurs à la moyenne académique!
  • A St Amant on calcule le meme pourcentage sur 9 élèves (ça c'est fiable)
Quand on lit la description (par l'inspection elle-même!) des profils difficiles des internes et les difficultés qui en découlent, on pense tout de suite aux tracasseries administratives qui ont empéché l'embauche des surveillants d'internat en début d'année 2010 dans chacun des collèges.

Passons au corrigé , qui va plus nous éclairer sur les solutions encouragées dans cet examen.
On nous explique que le sujet était ouvert, qu'il n'y avait pas de "bonne" réponse, toutefois, voila ce qu'on attend d'un bon principal recruté aujourd'hui :

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Cette note (au sous-préfet), sur l’aménagement scolaire des zones rurales fragiles, permet de repérer un certain nombre d’aptitudes du candidat :
- à concevoir des projets et à entraîner des équipes ;
- à faire preuve de loyauté institutionnelle ;
- et à se distancier de tout climat idéologique (sortie de la dramaturgie de l’ouverture/fermeture d’un établissement au profit d’une réflexion sur le parcours de réussite de tous les élèves). 

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Sur la méthode pour faire "passer la pilule" :
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Si le projet éducatif du réseau se doit d’être ambitieux, il doit aussi et surtout stimuler et développer l’ambition chez les élèves et leurs familles.

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On veut donc des principaux qui sauront faire rêver les gens :
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Par ailleurs, l’imagination du candidat est valorisée au vu de ses capacités à élargir le champ de
perception de l’école vers le développement local, la formation continue, l’action culturelle, la continuité des apprentissages, l’ouverture internationale.

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Classes européennes, visio-conférence...
Enfin,  même si on a bien dit que la réponse restait ouverte, le thème est quand même annoncé :
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Il peut être intéressant de voir se dessiner les grandes lignes d’un projet d’expérimentation d’un réseau d’établissements très intégré au sein d’un fonctionnement commun, voire d'un EPLE multipolaire, sans que ce soit une piste de réflexion exclusive. Et pourquoi ne pas imaginer un EPLE multipolaire primaire-secondaire ? Ou encore un EPLE multipolaire où chaque site serait spécialisé ? 
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Et un multipolaire primaire-secondaire spécialisé ?
Anglais de la maternelle à la 3eme à St Dier le lundi, Sport à St Amant (pour l'air frais), et technologie à Cunlhat tous les mardis, sauf de novembre à février pour cause d'alerte orange sur les routes. Comptez environ 350 km par semaine et par enfant.

En vrac dans ce corrigé (lisez-le!), on retrouve aussi l'utilisation de l'E.N.T. ("systeme nerveux du réseau"), "comme levier des pratiques nouvelles" : "...les enseignants peuvent disposer d’une vision transverse de leurs classes et de leurs élèves, indépendamment de l’établissement ou du site dans lequel ils se trouvent. ".
Justement, les ENT de nos quatre établissements ont justement été fusionné dès la rentré 2010, bien avant toute concertation. (voir la Chronologie )

On a bien affaire à un vernis pédagogique sur une problèmatique de réduction de coûts.
Dans la liste des mauvaises copies , on trouve comme idée à ne pas avoir :
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maintien des structures, au lieu d’optimiser et de rendre plus efficient l’existant en établissant des synergies. La possibilité de disparition d’un point d’offre éducative est toujours conçue comme un « risque » ; ce conservatisme dogmatique des structures existantes obère toute vision globale du réseau en devenir ;
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Vous avez bien lu : vouloir conserver un équipement éducatif en montagne alors que l'Etat veut  rogner sur les budgets c'est faire preuve de conservatisme dogmatique.